Je me sens inutile : ce que ce sentiment veut vraiment te dire (Partie 1/3)
Tu te lèves, tu fais tes trucs, tu réponds à quelques messages, tu bosses un peu, tu traînes… mais à la fin de la journée, t’as l’impression de ne servir à rien. Pas seulement d’avoir été inefficace ou improductif. Non. Inutile. Comme si ta présence ne faisait pas de différence. Comme si tu pouvais disparaître et que ça ne changerait rien pour personne.
Ce n’est pas juste une baisse de moral. Ce n’est pas juste un coup de mou. C’est un effondrement silencieux. Et il est d’autant plus violent qu’il est flou. T’as pas forcément vécu un événement déclencheur. Mais tu ressens un vide qui se creuse. Tu perds le sens. Tu perds la sensation d’avoir un rôle, une place, un poids.
Et là où ça devient vicieux, c’est que plus tu te sens inutile, moins tu agis. Et moins tu agis, plus tu te sens inutile. C’est une spirale. Une lente érosion. Et si tu ne poses pas de mots là-dessus, tu peux y rester coincé des mois. Voire des années. C’est ce qu’on va éviter ici.
Ce que “je me sens inutile” veut vraiment dire
Quand tu dis “je me sens inutile”, ce n’est pas que tu n’as objectivement rien à offrir. C’est que tu as perdu le lien entre ce que tu fais (ou pourrais faire) et ce que ça produit. En gros : tu ne vois plus d’impact. Ni chez les autres, ni chez toi.
Et ce sentiment-là peut venir de plusieurs endroits :
- Tu fais des choses, mais tu ne les valorises pas. (Tu crois que c’est “normal”, donc sans valeur.)
- Tu ne fais plus rien qui vienne vraiment de toi. (Tu exécutes, tu obéis, tu t’adaptes.)
- Tu compares ton utilité à celle des autres. (Et tu perds toujours.)
- Tu es dans un environnement qui n’a plus besoin de toi. (Ou qui te donne cette impression.)
Mais surtout, ce que ce sentiment exprime profondément, c’est le besoin de sentir que tu contribues. Pas forcément au monde entier. Mais à quelque chose. À quelqu’un. À toi-même. On croit souvent que l’humain a besoin d’amour ou de reconnaissance. C’est vrai. Mais avant ça, il a besoin de sentir qu’il a un effet sur le réel. Et quand ce lien disparaît, c’est toute l’identité qui vacille.
Tu n’es pas cassé. Tu es déconnecté.
La première chose à comprendre, c’est que ce sentiment d’inutilité n’est pas un dysfonctionnement personnel. C’est une alerte. Un indicateur. Un cri de ton système nerveux, de ton esprit, de ton humanité profonde qui te dit :
“Hé. Je veux avoir un effet. Je veux exister. Je veux peser, même un peu.”
Et donc non, tu n’as pas besoin d’un “plan d’action” tout de suite. Tu as d’abord besoin de ré-entendre ta propre voix. De reconnecter à ce qui, en toi, a encore envie de contribuer — même faiblement, même sans forme claire.
L’erreur à ne pas faire : vouloir se rendre utile à tout prix
Tu vas peut-être être tenté de combler le vide par une hyperactivité : rendre service à tout le monde, bosser comme un malade, t’engager dans tous les projets… pour retrouver cette sensation d’utilité. Et sur le moment, ça marche un peu. Tu te sens à nouveau “utile”.
Mais très vite, ça devient une fuite. Une compensation. Tu fais plein de choses sans toi. Et donc tu t’épuises. Tu te déconnectes encore plus. Et l’inutilité revient… en pire. Car tu te dis :
“J’ai tout donné. Et je me sens toujours aussi vide.”
Ce qu’il faut, ce n’est pas “retrouver de l’utilité” en général. C’est recréer un lien juste entre toi et le monde. Et pour ça, il faut revenir à l’essentiel : ton énergie, ta présence, ta manière d’entrer en relation.
Ressentir son inutilité, c’est déjà vouloir se reconnecter
Le fait même que tu ressentes ce vide prouve que tu n’as pas renoncé. Tu n’es pas apathique. Tu es désaligné. Et ça change tout. Ça veut dire qu’il y a quelque chose en toi qui veut encore agir, contribuer, peser. Même si tu ne sais pas comment.
Dans la Partie 2, on va justement plonger dans ce “comment” :
- Comment recréer une sensation d’utilité sans te forcer
- Comment trouver à qui, ou à quoi, tu veux vraiment contribuer
- Et surtout, comment retrouver un pouvoir d’agir concret, même minuscule
Je me sens inutile : comment retrouver le pouvoir d’agir (Partie 2/3)
Ce qui fait le plus mal quand tu te sens inutile, c’est cette impression de ne plus avoir de prise sur rien. Tu regardes ta vie, ton entourage, le monde… et tu te demandes : “À quoi je sers, concrètement ?” Et comme t’as pas de réponse claire, tu restes figé. Ou tu fais des trucs mécaniques, mais sans y croire. Et tu t’enfonces.
Le problème, ce n’est pas l’inaction en soi. C’est l’absence de lien entre ce que tu fais et ce que tu ressens. T’as peut-être bossé toute la journée. T’as peut-être aidé des gens. Mais si tu ne le vis pas comme quelque chose de vivant, de porteur, de nourrissant, ton cerveau l’enregistre comme : “je n’ai servi à rien.”
Ce que tu vas devoir reconstruire, ce n’est pas ton agenda, ni ta productivité. C’est ta capacité à sentir que tu comptes. Pas pour le monde entier. Pour une chose. Une personne. Une action. Un moment.
L’utilité, c’est pas un statut. C’est un ressenti vivant.
Tu ne deviens pas utile parce que tu as un métier important, un rôle social, une fonction reconnue. Tu te sens utile quand ce que tu fais crée un effet visible, immédiat ou intime. C’est pas un diplôme, c’est une résonance. Une trace. Un écho.
Exemple simple :
- Tu fais un retour honnête à un pote → il te dit merci → tu sens que t’as apporté quelque chose.
- Tu nettoies un espace chez toi → tu respires mieux → tu sens que ton action a un impact.
- Tu publies un post sincère → une personne t’écrit “ça m’a touché” → tu existes à travers l’autre.
Tu peux ressentir de l’utilité dans les plus petites choses, à partir du moment où tu les fais en conscience. L’inverse est vrai aussi : tu peux faire des trucs socialement valorisés (gérer une équipe, facturer des milliers d’euros…) et ne rien ressentir si t’es déconnecté de ton propre impact.
👉 Ce qu’il te manque aujourd’hui, ce n’est pas de l’activité. C’est de la résonance.
3 façons concrètes de recréer ce lien
1. Agir sur ton propre espace
C’est contre-intuitif, mais commencer par toi, chez toi, pour toi, c’est souvent ce qui relance le mouvement. Parce que c’est là que tu peux voir un résultat immédiat. Et quand ton cerveau voit un avant/après, il comprend : “ce que je fais change quelque chose.”
Exemples :
- Réorganiser un coin de ta chambre, juste pour que ça soit plus agréable.
- Préparer un repas pour toi, avec soin, sans rush, sans “c’est pas grand-chose.”
- Ranger un dossier ou trier un drive — et ressentir le soulagement physique que ça donne.
Ce ne sont pas des tâches. Ce sont des actes de réengagement. Tu montres à ton système nerveux que tu n’es pas figé. Que tu peux créer de la forme dans le chaos. Et ça change tout.
2. Faire un geste qui a un impact immédiat sur quelqu’un
Pas besoin de sauver le monde. Juste agir pour une personne. Et voir la réaction. Entendre le retour. Sentir que t’as déclenché un micro-mouvement. C’est ça, l’utilité vivante.
Exemples :
- Appeler quelqu’un sans raison autre que : “j’avais envie de prendre de tes nouvelles.”
- Écrire un message de gratitude sincère à une personne qui t’a marqué, même il y a longtemps.
- Offrir une compétence à quelqu’un qui galère (corriger un texte, relire un CV, faire un visuel…).
L’impact que tu as n’est pas quantitatif. Ce n’est pas le nombre de likes ou le salaire. C’est le changement que tu vois dans les yeux de l’autre. Un mot, un silence, une émotion. Tu rétablis le fil de ta puissance.
3. Créer quelque chose, même minuscule
On en revient à ce point crucial : tu veux te sentir utile ? Crée. Pas pour vendre. Pas pour prouver. Mais pour produire une trace visible de ton passage. Pas dans le marbre. Dans l’instant.
- Écris un texte.
- Fais une vidéo.
- Dessine un gribouillis.
- Fabrique un outil à toi.
- Organise un petit moment pour quelqu’un.
Créer, c’est te dire : “j’ai le pouvoir de faire exister ce qui n’existait pas avant.” Et quand tu touches à ça, tu ne peux plus te sentir totalement inutile.
Attention à ce piège : confondre “utilité” et “rentabilité”
Tu veux te sentir utile ? OK. Mais ne transforme pas ça en pression à “faire des trucs utiles”. Ce n’est pas la même chose. Le piège, c’est de vouloir que chaque chose que tu fais ait une utilité démontrable, visible, validée.
Mais l’utilité réelle est souvent discrète, lente, invisible. Une parole qui résonne trois jours après. Un geste qui change l’humeur de quelqu’un sans que tu le saches. Un truc que tu dis… et que l’autre n’oubliera jamais, même s’il ne le montre pas.
👉 L’important, c’est de te sentir vivant dans ce que tu fais. Pas de justifier ton existence par des KPI.
Je me sens inutile : reconstruire ta valeur personnelle (Partie 3/3)
Tu sais maintenant que l’utilité ne vient pas de ce que tu fais en apparence, mais du lien que tu ressens entre tes actions et leur effet sur le monde — même minuscule. Et tu as vu que tu pouvais relancer ce lien par des actes simples, symboliques, vivants.
Mais le vrai enjeu, c’est de ne pas retomber. De ne pas te réveiller dans deux semaines avec à nouveau ce vide, ce doute, ce sentiment d’être “en trop” ou “à côté”. Ce qu’il te faut, ce n’est pas juste créer des moments d’utilité. C’est reconstruire un socle de valeur intérieure.
Un socle qui tient, même quand t’as pas la forme. Même quand personne ne te dit merci. Même quand tu fais “rien d’exceptionnel”.
Ce que tu fais ≠ ce que tu vaux
Une des croyances les plus toxiques qu’on nous a collées dans le crâne, c’est celle-ci :
“Tu vaux ce que tu produis.”
C’est faux.
Tu n’es pas un business plan. Tu n’es pas un diplôme ambulant. Tu n’es pas un outil.
Tu es un être humain avec une valeur inconditionnelle, même quand tu ne sers à rien. Même quand tu es fatigué. Même quand tu doutes.
Et plus vite tu reconnectes avec cette vérité, moins tu t’effondres quand ton utilité n’est pas visible.
5 piliers pour stabiliser ton sentiment d’utilité dans le temps
1. Crée une trace quotidienne
Pas pour prouver, mais pour te rappeler que tu existes. Un carnet, une note, une photo, un fichier audio. Tu documentes. Tu déposes. Tu construis une mémoire de ton action. Et tu peux t’y reconnecter quand t’as l’impression que tu ne fais “rien”.
Même si t’as juste écrit trois lignes, ou aidé une personne, c’est un acte. Et quand tu relis ce que tu as laissé, tu te rappelles : “je suis en mouvement.”
2. Cesse de chercher ta valeur dans le regard des autres
Oui, le regard de l’autre peut amplifier ton sentiment d’utilité. Mais si t’en dépends, tu te flingues. Parce que tu ne contrôles pas ce regard. Il change. Il oublie. Il projette. Il juge.
Ta valeur, elle ne peut pas dépendre du fait que les autres la voient.
Ce qui compte, c’est : est-ce que tu sens que ce que tu fais vient de toi, pour de vrai ?
Même si personne ne valide. Même si ça ne brille pas.
3. Ne te réduis pas à ce que tu ne fais pas encore
Tu veux créer une boîte ? Une œuvre ? Un truc utile ? Mais t’es pas encore prêt ?
OK. Mais ça ne veut pas dire que tu ne vaux rien aujourd’hui.
Le monde te pousse à penser que tant que tu n’as pas “fait un truc grand”, tu n’existes pas.
C’est faux.
Ton simple fait d’être en chemin, d’y penser, de rêver, de frémir… c’est déjà un mouvement.
C’est vivant. Et donc utile.
4. Reçois ton propre impact (sans le minimiser)
Chaque fois que quelqu’un te dit :
– “Merci”
– “Ça m’a fait du bien”
– “T’es là quand il faut”
– “J’aurais pas avancé sans toi”
… prends-le.
Ne dis pas “oh, c’est rien.”
Ne change pas de sujet.
Ne le dévalorise pas.
Reçois. Note. Garde. Nourris-toi.
Parce que ce sont ces moments qui t’aident à reconstruire une image juste de ton utilité.
Pas une image gonflée. Une image fondée.
5. Fais exister ce que toi, tu considères comme utile
Peut-être que tu n’as pas envie de “servir” le système.
Peut-être que les formes d’utilité valorisées socialement ne te parlent pas.
OK.
Alors crée ta propre définition.
Tu veux faire rire ? Écouter ? Soigner en silence ? T’occuper d’un jardin ? Accueillir des âmes paumées ?
Fais-le.
Tu n’as pas besoin d’être utile à tout le monde.
Tu as besoin d’être utile selon ta propre boussole.
Le monde n’a pas besoin de plus de gens performants. Il a besoin de gens présents.
Si tu te sens inutile, c’est souvent que t’as été trop longtemps déconnecté de ce qui te rend vivant.
Et la bonne nouvelle, c’est que ça se soigne. Pas avec des likes. Pas avec des objectifs. Mais avec des actes sincères, incarnés, liés au vivant.
Un regard.
Un geste.
Une phrase.
Un espace réorganisé.
Une main tendue.
Une idée partagée.
Tout ça, ça compte. Même si personne ne le voit.
Même si toi-même t’en rends pas compte tout de suite.
📌 Aller plus loin
Si cet article t’a parlé, si tu veux t’entourer de gens qui construisent leur valeur en dehors des schémas classiques, je t’invite à découvrir Les Entrepreneurs du Kiff.
Un espace pour celles et ceux qui veulent créer du sens, de l’impact, et du lien — sans se perdre dans la performance.
Parce que tu n’es pas né pour être utile.
Tu es né pour être vivant.
Et à partir de là, tout le reste se construit.


